mercredi 30 novembre 2005
Rubik's Cube pour les nuls
Vous téléchargez un petit programme chez Hetnet et le tour est joué!
Trouvé par une de ces chaînes bizarroïdes où vous partez de chez Jean-Michel Billaut qui vous parle de Rodrigo Sepulveda (un nom que j'adore!...) qui lui-même vous parle de DownloadSquad, qui vous renvoie enfin chez Hetnet.
Et moi, comme je suis sympa, je vous envoie direct chez Hetnet!...
Inutile de vous dire qu'au départ, je ne cherchais pas les solutions du Rubik's Cube!
Je cherchais quoi au fait?...
(PS: inutile de vous dire non plus que tous les blogueurs font comme moi mais que rares sont ceux qui affichent la chaîne complète de leurs investigations...)
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mardi 29 novembre 2005
Le travail, c'est n'importe quoi!
J'ai rencontré l'auteur David Autissier et ce n'est pas vraiment un comique: docteur en sciences de gestion, c'est tout simplement l'un des très bons spécialistes actuels de la conduite du changement.
Il développe notamment les idées du syndrome COS (Cognitive Overflow Syndrom) et surtout de l'IOIU (Information Overflow Information Underuse) que j'évoque dans mon cours à Dauphine: non seulement on est saturés d'infos mais, en plus, on les utilise mal!...
Pour promouvoir son bouquin, David Autissier lance un blog des situations absurdes au travail : Portenawak.
Mais là, il aura du mal à rivaliser avec Dilbert!...
{jos_sb_discuss:12}
Zévar se sent plus libre
Zévar est le dessinateur fétiche du journal 01 Informatique.
Il se sent plus libre depuis qu'il est passé au dégroupage total...
Dites n'importe quoi, mais dites-le avé l'acccent
Leader Price.
Premier message : "Soyez exigeants!" Ouh là là, que se
passe-t-il? Faisons gaffe. Deuxième message: "Soyez confiants!" Ah bon, nous
voilà rassurés, on a eu peur!
C'est complètement incohérent (l'exigence et la
confiance) mais comme elle nous le dit avé son inimitable accent (qu'elle n'a,
parait-il - allez, on lance la rumeur - qu'à l'antenne, un peu comme Jane
Birkin), on trouve çà sympa. C'est toute la mécanique actuelle de la
communication et des médias qui est en cause dans ce processus: la forme, ou le
contexte, prime le fond. Si c'est dit à la radio, c'est sympa; si c'est écrit
dans Le Monde, c'est sérieux. si ça passe à la télé, c'est vrai.
Bloguer ou restaurer des volets?
Ce week-end, plongé dans la restauration laborieuse de persiennes anciennes en chêne -dites-le vite- (28 lattes chacune, et ce n'est pas une contrepéterie), je me suis soudain posé la question: qu'est-ce que j'aime le plus, faire vivre ce site-blog ou restaurer ces persiennes?
Et, boum, plaf, la réponse m'est apparue dans toute sa clarté limpide et fulgurante: je m'amuse beaucoup plus sur ces volets que sur ces pages...
Parce que:
- je peux rester des heures à peaufiner mon ouvrage,
- je construis quelque chose de beau, de durable et d'utile,
- ça sent bon,
- chaque geste fait progresser l'ensemble,
- je fais des pauses sans me presser,
- je laisse à tout moment le travail en plan, inachevé,
- personne n'ose me déranger tellement j'ai l'air absorbé,
- quand j'ai fini, tout le monde fait semblant d'admirer mon travail sans oser le critiquer tellement mon regard est perçant,
- et je me fous totalement du nombre de gens qui pourront l'admirer...
Point à point, rien de tout çà dans ce que je fais avec InfoTechArt...
Vous me direz: pourquoi me suis-je posé cette question, qui ressemble à celles du site indécidables ("les légumes sont-ils plus précieux que le courage?")?
Sans doute parce qu'il s'agit de plus en plus, en vieillissant, de gérer son temps par pirorités, ce temps qui fuit et qui ne se mesure plus que par comparaison plaisir/utilité/reconnaissance dans l'emploi qu'on en fait.
C'est une drogue, le blog ou tout ce qui y ressemble et les drogués ne sont pas des gens heureux. En fait, ça ne sert strictement à rien qu'à s'empêcher le plus possible de réfléchir. Il n'y a pas de bonheur dans cette affaire, tout juste un passe-temps prenant, obsédant, conflictuel, monomaniaque. On n'y apprend que des choses sans importance. Le blog, ça ne fait pas repousser les cheveux. Vous me direz, la menuiserie non plus!...
lundi 28 novembre 2005
Gestion du temps : à chacun ses solutions
Trouvez votre profil et les solutions dans ce Tableau publié par L'Usine Nouvelle en octobre 2003.
7 Reasons Not To Mess With Children
The little girl stated that Jonah was swallowed by a whale.
Irritated, the teacher reiterated that a whale could not swallow a human; it was physically impossible.
The little girl said: "When I get to heaven, I will ask Jonah".
The teacher asked: " What if Jonah went to hell?"
The little girl replied: "Then you ask him".
*A Kindergarten teacher was observing her classroom of children while they were drawing. She would occasionally walk around to see each child's work.
As she got to one little girl who was working diligently, she asked what the drawing was.
The girl replied: "I'm drawing God."
The teacher paused and said: "But no one knows what God looks like."
Without missing a beat, or looking up from her drawing, the girl replied: "They will in a minute."
*A Sunday school teacher was discussing the Ten Commandments with her five and six year olds.
After explaining the commandment to "honor" thy Father and thy Mother, she asked: "Is there a commandment that teaches us how to treat our brothers and sisters?"
Without missing a beat one little boy (the oldest of a family) answered: "Thou shall not kill."
*One day, a little girl was sitting and watching her mother do the dishes at the kitchen sink. She suddenly noticed that her mother had several strands of white hair sticking out in contrast on her brunette head.
She looked at her mother and inquisitively asked: "Why are some of your hairs white, Mom?"
Her mother replied: "Well, every time that you do something wrong and make me cry or unhappy, one of my hairs turns white."
The little girl thought about this revelation for a while and then said: "Momma, how come ALL of grandma's hairs are white?"
*The children had all been photographed, and the teacher was trying to persuade them each to buy a copy of the group picture: "Just think how nice it will be to look at it when you are all grown up and say, 'There' sJennifer, she's a lawyer,' or 'That's Michael, He's a doctor.' "
A small voice at the back of the room rang out: "And there's the teacher, She's dead."
*A teacher was giving a lesson on the circulation of the blood.
Trying to make the matter clearer, she said: "Now, class, if I stood on my head, the blood, as you know, would run into it, and I would turn red in the face.."
"Yes," the class said.
"Then why is it that while I am standing upright in the ordinary position, the blood doesn't run into my feet?"
A little fellow shouted: "'Cause your feet ain't empty."
*The children were lined up in the cafeteria of a Catholic elementary school for lunch.
At the head of the table was a large pile of apples.
The nun made a note, and posted on the apple tray: "Take only ONE. God is watching."
Moving further along the lunch line, at the other end of the table, was a large pile of chocolate chip cookies.
A child had written a note: "Take all you want. God is watching the apples.”
[Transmis par Alexandre M]
dimanche 27 novembre 2005
Un clou et du mercure, et le coeur bat
Mode opératoire ici.
(relayé par Roland)
Récence et viduité: y'a des soirs comme çà...
On se dit, c'est pas normal, une soirée comme çà...
Au fait:
- récence: le fait d'être récent, évidemment; voir effet de récence.
- viduité: de vide, évidemment; le délai de viduité est de 300 jours dit la loi: c'est le temps pendant lequel, une femme n'a pas le droit de se marier, après un divorce, des fois qu'elle aurait un enfant pendant cette période et que ce soit l'ex qui en soit déclaré le père, imaginez le topo... C'est la viduité du ventre? En tout cas, supprimé depuis la loi du 26 mai 2004.
vendredi 25 novembre 2005
La preuve que la terre se réchauffe
J'ai le Mac qu'est patraque, le PC déglingué...
La fameuse chanson sur l'informatique, parodiant l'air fameux "Je n'suis pas bien portant" de Gaston Ouvrard (1932, paroles de Géo Koger, musique de Vincent Scotto et Gaston Ouvrard).
En version Powerpoint cette fois, avec les paroles.
C'est presque du karaoké!
Paroles : X.Cherrier-M.Puyau-S.Richardot-M.Maignan
Musique : G.Boursac-M.Joséo
Petit débat de mémétique
Au départ, je trouvais avec plaisir une dimension un peu provocatrice, paradoxale, dans la mémétique: eh bien , pas du tout! L'affaire est sérieuse et nous devons tous nous en préoccuper: s'il existe effectivement une sorte de "code" (au sens informatique) des idées, de la culture et du comportement, autant le déchiffrer le plus vite possible si l'on veut garder un sentiment de liberté! Et croire encore qu'on peut changer le monde.
Je prédis que le débat va rapidement s'enfler car évoquer aujourd'hui les thèses évolutionnistes de Darwin (il y aurait des mèmes culturels comme il y a des gènes biologiques) sent parfois le souffre. Il faudra par exemple rapidement faire le tri des amalgames avec l'Intelligent Design, qui est un gros sujet de débat en soi... bon d'accord, surtout aux Etats-Unis...
Donc, en résumé:
- les méméticiens ont l'air de gens sérieux qui posent de bonnes questions: comment se propagent des idées? comment éviter une simple réplication des comportements? comment se déconditionner du politiquement correct? etc. Il suffit de voir le débat actuel sur ce que dit Alain Finkielkraut...
- nous pouvons tous adopter une démarche de méméticien en s'interrogeant sur nos habitudes, nos relations avec les autres, nos principes et même, oh là la, nos valeurs. "Il faut faire le ménage dans tout ce qu'on reproduit sans le vouloir" dit Pascal Jouxtel: "On n'invente pas, on se resouvient" dit-il en citant Arthur Rimbaud.
- dans l'entreprise, il ne peut y avoir de vraie innovation si elle est n'est pas inscrite dans son système de valeurs.
- il y a un rapport étroit entre boudhisme et mémétique, au sens où on s'interroge dans les deux cas sur l'humain en tant que sujet: les pensées et les contenus cognitifs viennent dans le cerveau...
- le but de la mémétique est tout simplement de mieux se comprendre (soi-même et entre nous) et d'éviter se faire manipuler.
Alors, dans ce cas, moi, je vote pour la mémétique!
Traduction français - créole
Photo de Thierry
mercredi 23 novembre 2005
Entretien avec Claude Berrou, lauréat 2005 du Prix Marconi et chercheur heureux
- Claude Berrou, vous êtes enseignant chercheur, directeur d’études et directeur du laboratoire associé au CNRS, à l’École Nationale Supérieure des Télécommunications de Bretagne. Vous venez de recevoir ce prix prestigieux, le prix Marconi, pour l’invention des turbocodes. Il paraît que cela ne vous a pas tellement surpris de recevoir ce prix…
- Il est évidemment toujours merveilleux de recevoir des prix, d’abord académiques. Avec mon ami Alain Glavieux, qui a également participé à l’invention des turbocodes, nous avons reçu un certain nombre de prix académiques en France et à l’étranger. Le prix Marconi vient plutôt récompenser un succès industriel, un certain nombre d’applications.
- Vous recevez ce prix environ douze ans après l’invention, si je ne me trompe…
- Le début de l’invention remonte à 1991, 1992… C’est donc environ treize ans après.
- Nous allons comprendre pourquoi c’est un prix prestigieux. En 2004, ce sont les créateurs de Google qui l’on reçu – Sergey Brin et Larry Page. En 2002, c’était Tim Berners-Lee, l’inventeur de l’interface Web, du World Wide Web. En 1998, c’était Vinton Cerf, le père d’Internet, le créateur du protocole TCP/IP. Quel effet cela vous fait-il d’avoir de tels prédécesseurs, Claude Berrou ?
- Vinton Cerf, le pauvre, a fort à faire actuellement en Tunisie avec le Sommet Mondial de la Société de l’Information… Cela procure d’abord un sentiment de fierté de représenter la France pour la première fois dans cette société. Je suis devenu un « Marconi fellow ».
- Vous êtes le premier Français à être devenu un « Marconi fellow »...
- Oui, et le troisième ou quatrième Européen. Cela me force aussi à revoir le sens de mes responsabilités vis-à-vis de mes collègues chercheurs, de la recherche française, à être porteur d’un message d’optimisme après les différents débats que l’on a pu connaître ces derniers mois sur la recherche en France, la recherche appliquée et la recherche fondamentale. Je pense que nous faisons des choses de qualité en France, dans les universités mais aussi les grandes écoles, comme c’est mon cas.
- Avec vous, on n’est quand même pas tout à fait dans le cadre de la recherche que l’on imagine : on est aussi dans une école, on est aussi avec des ingénieurs… C’est peut-être quelque chose de plus transversal que ce que l’on peut imaginer quand on parle de recherche…
- J’ai eu deux chances dans ma carrière : celle de rester en Bretagne - parce que j’adore ma région – et celle d’exercer le métier de mes rêves, c’est-à-dire d’enseigner, de chercher, d’apprendre sans cesse, surtout, et de transmettre ce savoir aux nouvelles générations.
- Qu’allez-vous faire des 100 000 dollars associés à ce prix ? Sont-ils pour vous ou pour l’École ?
- Ils sont remis à titre personnel mais j’ai mes propres œuvres…
- Il faut nous expliquer ces fameux turbocodes dont vous êtes l’auteur … Nous allons d’abord brosser le paysage. Nous nous situons dans les problèmes de fiabilité de la transmission des messages numériques, où il existe beaucoup de parasites et de déperdition.
- C’est le monde des « 0 » et des « 1 », comme dans « 01 Informatique ». Ce n’est pas seulement de l’informatique. C’est aussi un peu de mathématiques, un peu de physique, un peu d’électronique et beaucoup de théorie de l’information. Il faut revenir au milieu du XXe siècle pour voir naître cette nouvelle discipline des communications numériques et la théorie de l’information, dont le fondateur est Claude Shannon. Je crois que tout le monde le connaît dans notre discipline. Il a posé des théorèmes fondamentaux, en 1948 et 1949, notamment en matière de qualité de transmission. Beaucoup de chercheurs ensuite, principalement aux États-Unis – cela a surtout été une affaire américaine pendant 40 ans -, ont cherché le code capable d’atteindre les limites théoriques. Personne ne l’a trouvé avant nous !
- Claude Shannon a fait un calcul et si on l’applique bien, on va aller au bout de la limite, mais, en réalité, personne n’y est arrivé.
- Pourquoi est-il important d’avoir un bon code correcteur d’erreurs, puisqu’il c’est de cela qu’il s’agit ? C’est une fonction extrêmement importante aujourd’hui dans les télécommunications télécoms. Il existe des erreurs de transmission, certains « 0 » redeviennent des « 1 », qui sont inversés. Cela provient de différents facteurs : les autres utilisateurs, le bruit électronique dans les composants, les conditions atmosphériques parfois…
- Dans la transmission, il n’y a que des erreurs !
- Dans les systèmes qu’utilisent les agences spatiales comme la NASA qui envoient des sondes dans l’espace lointain, il peut arriver qu’un bit sur cinq soit faux à la réception. Avec un turbocode, le message initial est récupéré.
- Il s’agit donc de corriger les erreurs pour retrouver finalement le message originel…
- Le business est non pas de trouver un code qui permet de réduire le nombre d’erreurs mais de trouver un code qui, pour la même qualité de transmission, permet de travailler dans des conditions plus difficiles, c’est-à-dire avec davantage d’erreurs.
- Par quoi cela se traduit-il dans la pratique ?
- Imaginez par exemple que, dans un réseau téléphonique cellulaire, un code permette le remplacement d’un code A par un code B qui soit capable de travailler dans des conditions deux fois plus sévères : cela va permettre à l’opérateur de doubler le nombre d’abonnés !
Autre exemple, d’actualité : la NASA vient d’envoyer deux sondes, l’une vers Mars – « Mars Reconnaissance Orbiter » - et l’une vers Mercure – « Mercury Messenger »-, dont les télécommunications sont turbocodées. Adopter un code qui permet de travailler dans des conditions deux fois plus difficiles, comme c’est le cas ici, ou recevoir le message de qualité dans ces conditions-là permet par exemple de diviser la taille de l’antenne par deux ou de diviser par deux l’énergie d’émission et la taille des panneaux solaires en proportion. Cela permet de diviser par deux le poids de la sonde et donc également la puissance du lanceur. Il y a une cascade d’effets pour une petite fonction appelée le « codage correcteur d’erreur » mais elle a un impact économique extrêmement important.
- En fait, vous travailliez un peu sur autre chose, avec ce que l’on appelle le principe de « contre-réaction », et vous vous êtes dit un jour : pourquoi n’applique-t-on pas ce principe aux télécoms, c’est cela ?
- Le principe de contre-réaction est ce qui nous permettrait, dans la vie pratique, de remonter le temps. C’est quelque chose que l’on ne peut pas mettre en œuvre dans le quotidien mais qui peut être implémenté sans souci dans un circuit électronique. Il existe un principe de base, quand on remonte le temps : éviter les effets de corrélation catastrophiques, comme de devenir son propre père par exemple…. Remonter le temps, c’est donc pouvoir corriger les causes qui ont produit des effets néfastes.
- Le principe est-il celui d’un phénomène d’itération ?
- Dans un circuit électronique, cela signifie effectivement un processus itératif. On fait un premier traitement, les résultats ont été mis en mémoire et on reprend ce traitement en faisant bénéficier le traitement en amont des résultats du traitement en aval. On procède huit fois à lce type d’opération dans le cas du turbodécodage.
- Il y a un nom qu’il faut citer et que vous avez déjà cité : celui de d’Alain Glavieux. Dites-moi comment cela s’est passé… Je crois d’ailleurs qu’il faut lui rendre hommage.
- En effet, Alain nous a quittés très malheureusement l’an dernier… Nous avons formé le binôme idéal.
- Il y avait le matheux et le physicien, est-ce cela ?
- C’est cela. Cette idée de contre-réaction me hantait un peu. Je me demandais pourquoi nos amis des télécoms n’utilisaient pas ce principe… A cette époque, tous les experts étaient à peu près d’accord pour dire que quand on fait un travail optimal localement, puis un autre à suivre qui est optimal localement, le tout est optimal.
- On a tous un peu cette idée-là…
- Quand on marche, on se donne un objectif : quand on fait un pas, on espère que ce soit un pas optimal, que le deuxième pas soit aussi optimal localement. Mais, en fait, s’il n’y a pas de vision générale du tracé, on arrive n’importe où. La contre-réaction provient du regard qui vient corriger le tracé et optimise le tout. Cette idée que j’ai mise en pratique a donné des résultats totalement étonnants. Quant à Alain Glavieux, il avait monté à l’ENST Bretagne une équipe qui avait permis de réaliser la première télévision sans fil sur le « Titanic ». La première image sans fil, donc pas en transmission acoustique, venait de son équipe.
- De quoi ont besoin deux personnes comme vous pour travailler ? De quelques ordinateurs, de formules mathématiques ? De quoi avez-vous besoin pour inventer cela ?
- On a besoin de l’informatique, parce que ces idées-là ne sont tout de même pas très simples, qu’elles ne se résument pas à trois équations alignées, et on a besoin de modèles mathématiques. Alain a apporté une formule essentielle sur la formalisation et l’écriture mathématique.
- S’il était encore là, il aurait reçu le prix avec vous ?
- Il m’aurait accompagné avec grand plaisir.
- Pour expliquer les turbocodes, vous faites une analogie avec les mots croisés…
- La contre-réaction est présente chez le cruciverbiste. Il dispose d’un certain nombre d’informations dans une dimension, à l’horizontale, puis dans une autre, en verticale. Avant le principe du turbo code et du turbo décodage, on avait à peu près cette grille-là : on profitait des définitions en lignes et on profitait ensuite des définitions verticales pour venir compléter le travail. En fait, un cruciverbiste ne s’arrête pas là. Pour remplir la grille, il ne s’arrête pas à la linéarité des solutions. La contre-réaction consiste à revenir sur la première dimension horizontale, à reprendre le travail, etc. On y ajoute une troisième dimension avec le turbodécodage. Ce sont des concepts assez généraux qui ont été repris désormais dans le monde des télécoms et dans le monde des communications numériques. On parle aujourd’hui de turbomodélisation, de turbodémodulation,… On y ajoute une troisième dimension – c’est la principale contribution d’Alain – qui est la probabilité. On va travailler non plus sur des « 0 » et des « 1 » mais sur des probabilités d’avoir des « 0 » et des « 1 ». C’est ce que fait le cruciverbiste, il appuie assez fortement dans une case quand il est à peu près certain de la lettre, mais il appuie beaucoup plus légèrement quand il a des doutes et que ce n’est qu’une probabilité. Voilà ce principe de contre-réaction, qui était ignoré dans le monde des communications numériques, auquel est venu s’ajouter ce modèle probabiliste. Il faut beaucoup d’imagination dans la recherche. Le métier de chercheur consiste à ouvrir des portes en permanence. Dans 99% des cas, on trouve un mur derrière…
- Le préfixe « turbo » n’est-il pas un peu « marketing » ?
- Non. c’est tout à fait réaliste parce que cela fait référence au moteur « turbo ». Le principe de contre-réaction y fait également référence : vous avez des gaz d’échappement qui sont réutilisés pour comprimer…
- Parlons des applications des turbocodes. On les retrouve absolument partout …
- Trouver un système de télécommunication capable de réduire la taille des antennes ou le niveau d’émission est tout de même très avantageux pour les gens qui lancent des sondes spatiales. Dans l’espace, une économie se mesure en décibels, parce que nous travaillons dans le monde logarithmique : sur une mission, un décibel de gagné génère une économie de 80 millions de dollars. Avec les turbocodes, nous faisons économiser beaucoup d’argent à l’industrie…
- Il y a aussi la 3G, la téléphonie mobile, la vidéo – avec le Homeplug AV -, le WiMax, les fibres optiques…
- Pour les fibres optiques, c’est en étude….
- Aujourd’hui, est-ce un brevet France Télécom ?
- Les premiers brevets appartiennent effectivement à France Télécom parce que du temps où c’était une administration, France Télécom avait la tutelle des écoles de télécommunications.
- Le fait d’inventer ne vous rapporte-t-il donc rien ?
- Nous avons évidemment enrichi le portefeuille en copropriété avec Alain Glavieux.
- Est-ce une invention terminée ?
- Non, pas du tout. En avril prochain se tient à Munich le quatrième symposium sur les turbocodes et on attend 400 chercheurs qui viennent présenter des papiers.
- Vous disiez tout à l’heure qu’un chercheur ouvrait des portes. Il faut tout de même des moyens… On a l’impression que les Etats-Unis dépensent beaucoup d’argent dans la recherche et qu’il y a du retour en fonction de cet argent alors que nous sommes moins bien placés en Europe. Qu’en pensez-vous ?
- Le modèle de mon laboratoire est un modèle à deux dimensions. Il y a la dimension du court terme, celle du « business », et la recherche à long terme qui ouvre les portes et qui, souvent, n’est pas couronnée de succès. Pour assurer cette recherche sur le long terme, je ne vois pas d’autre moyen que des financements publics. En revanche, pour la recherche à court terme, dans ce secteur des télécommunications notamment et dans les sciences de l’information en général, les partenariats sont relativement aisés. Il y a beaucoup de demande. Les opérateurs, les équipementiers sont en attente d’innovations et il nous est donc relativement facile d’obtenir des contrats. C’est une affaire d’équilibre, de balance intelligente entre ces deux types de recherche… Il se trouve qu’aux Etats-Unis, c’est la recherche à court terme qui est exagérément privilégiée, alors qu’en France, c’est le contraire.
- Pour finir, êtes-vous un chercheur heureux ?
- Oui. Je pourrais difficilement dire le contraire. Malheureusement, j’en suis arrivé à un tournant dans ma carrière que doit connaître tout chercheur dans l’administration : la pression se fait de plus en plus forte de la part de la hiérarchie pour que je prenne plus de responsabilités. Je fais donc de moins en moins de recherche et de plus en plus de management.
[Propos recueillis par Luc Fayard]
De mer, d’amour et de mort
Femme de lettres* et femme du monde, femme de l’éditeur Alfred Vallette [et non pas Valette], Marguerite Eymery, dite Rachilde (1860-1953) est associée aux grandes figures féminines et féministes qui défrayent la chronique de son temps. Auteur de nombreux romans, parmi lesquels le célèbre Monsieur Vénus (1884) (qui la conduisit à être qualifiée de « pornographe distinguée » par Barbey d'Aurevilly), Rachilde est fascinée par la figure complexe de l’androgyne qui hante l’esprit « fin de siècle ».
Roman inattendu et terrifiant, La Tour d’amour (1899) semble d'emblée être d’une facture autre. C’est pourtant un roman, mais terriblement troublant.
À jouer avec ce titre que j’ai récemment découvert, grâce à Luc Fayard, je pensais voir se profiler au loin quelque tour médiévale, haut perchée sur son piton rocheux, inaccessible gardienne de femmes esseulées, prisonnières d’attentes sans horizon ! J’avais aussi imaginé l’écriture chatoyante, sensuelle et vibrante, d’un univers exclusivement féminin.
Balayés les clichés, dès les premières pages ! Noyés dans les flots bouillonnants qui assaillent l’univers masculin* de La Tour d’amour ! Univers dont la femme semble, un court instant, mystérieusement absente.
Mais peut-être, à y bien réfléchir, cela n’est-il qu’apparence, et l’univers de La Tour d’amour n’est-il que l’image inversée que lui renvoie le miroir déformant venu de la terre.
À la tour se substitue un phare. Qui se dresse ithyphallique au-dessus des flots, au large du Finistère. Là-bas, amer perché sur les derniers écueils de la chaussée de Sein. Un phare forteresse, inaccessible, habité par deux gardiens, qui guettent la nuit, à l’affût des naufrages. Certains soirs montent au long de l’escalier à vis les accents d’une mélopée douloureuse, portée par une voix de femme. « La tour d’amour » ou… ou… ou…our ! Ce n’est pas, comme le croit le narrateur au tout début du récit, la voix d’une « donzelle » égarée. Mais celle du vieux Barnabas qui, tout en rejoignant son repaire, chante sa plainte de chouette. Dans l'enclos du phare d’Ar-Men, espace confiné et inquiétant où s’affrontent les deux gardiens, la seule femme vivante est la mer. Maîtresse jalouse de ses furies et de ses désirs, elle est amante gloutonne, dévoreuse de chair humaine. Insatiable et cruelle, toujours insatisfaite, elle transforme les hommes qui vivent d’elle, en elle et par elle. Elle les modèle à son image. Elle aspire à les engloutir.
Peu à peu, derrière cette puissante figure féminine qui domine le récit et les hommes, surgissent d’autres visages. Celui de Marie, promesse de bonheur et de rêve. À peine entrevue, aussitôt perdue. L’infidèle hante le souvenir de Jean et le détruit.
Et puis, il y a les noyées, que les navires éventrés vomissent nues sur les écueils. Blêmes Ophélies que le vieux Mathurin Barnabas célèbre et enserre de bien étrange façon. Barnabas, dont le nom contient à lui seul un monde. Savant composé du brigand Barrabas et de l’apôtre Barnabé, dont le nom d’« enserrant » a perdu toute forme de générosité chez ce vieil animal crasseux de Mathurin. La silhouette inquiétante et primitive de cet ours mal léché laisse entrevoir, au fil des pages, celle plus terrifiante et plus hideuse encore de l’ogre d’Ar-Men. Dont la folie semble peu à peu gagner Jean Maleux, le jeune gardien nouvellement arrivé. Car le vieux et le jeune, enfermés dans le mimétisme d'une même solitude, finissent par se ressembler. Comme un fils porte en lui les empreintes de son père, Jean Maleux porte les stigmates de la déraison de l’ancien. À une différence près. À un seul espoir près. Jean Maleux, tout décidé qu’il est à ne plus quitter Ar-Men, ne finira pourtant pas illettré. Pour lutter contre cet écueil-là, le nouveau gardien chef s’oblige à tenir son journal de bord, à consigner ses impressions dans son log-book. Par tous les temps, jour après jour ! C’est par l’écriture qu’il se sauve de son propre naufrage. Une écriture qui se dégage peu à peu des parlures du marin breton, pour gagner en ampleur et en souplesse. Et qui s’enfle, pareille à une vague longue, venue des tréfonds de l’être et de la mer. Belle métaphore que celle que Rachilde a choisie pour sauver son personnage.
Sous la plume de Rachilde, mythes et légendes se superposent et mêlent ensemble leurs mystérieux tentacules. C’est dans le goût ambigu pour les images violentes et morbides que se lit l’esprit « fin de siècle ». Dans le recours aux visions hallucinées inspirées des grands mythes de la castration. L’esprit « fin de siècle » est bien là à l’œuvre dans ce roman qui infiltre de ses strates sombres la Tour d’amour. Un roman violent et envoûtant, bouleversant, qui laisse longtemps gravées dans la chair ses images de mer, d’amour et de mort.
Rachilde, La Tour d’amour [1899; cote BnF : 8-Y2-62770], Mercure de France, 1994.
* Rachilde aimait à se présenter : « Rachilde, homme de lettres ».
Note bibliographique : Plusieurs dictionnaires de littérature de renom (notamment le Dictionnaire Bordas de Littérature française d'Henri Lemaître; et le Dictionnaire des Littératures de Langue Francaise [Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty, Alain Rey], également publié initialement par Bordas) mentionnent la publication de cet ouvrage (en tant que nouveauté) en 1914, sous le pseudonyme de Jean de Childra. Pour ma part, je m'en suis tenue ici à la date communiquée (avril 1899) par la préfacière de l'ouvrage, Édith Silve, tout en indiquant ci-dessus la cote correspondante de cet ouvrage à la BnF. Par ailleurs, un article du Docteur Ritti fait bien allusion à cet ouvrage dans les Annales médico-psychologiques de novembre-décembre 1901.
Funès - Sarko : cherchez l'erreur
lundi 21 novembre 2005
vendredi 18 novembre 2005
PC portable rechargeable à la manivelle
"Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont dévoilé mercredi à Tunis un ordinateur portable à 100 dollars qu'ils espèrent mettre entre les mains de millions d'écoliers à travers le monde. L'appareil, de la taille d'un manuel scolaire, est paré d'une robe citron-vert, d'un processeur à 500Mhz, d'une connexion à l'Internet sans fil et d'une recharge à manivelle qui lui permet de fonctionner dans des régions ne disposant pas de l'électricité, ont précisé les chercheurs au Sommet mondial sur la société de l'information, organisé par les Nations Unies.
«Cette machine robuste et mobile permettra aux enfants d'être plus dynamiques dans leur propre apprentissage», a déclaré au cours d'une conférence de presse le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. L'objectif est de fournir des ordinateurs gratuits aux enfants des pays pauvres qui n'ont pas les moyens d'acheter un PC, a déclaré Nicholas Negroponte, président du Media Lab du MIT. Les gouvernements et des donateurs paieront ces ordinateurs à 100 dollars pour le compte des enfants, a-t-il ajouté. Selon Negroponte, le Brésil, la Thaïlande, l'Egypte et le Nigeria sont candidats pour recevoir la première offre de portables qui démarrera en février ou en mars, avec une commande d'au moins un million d'ordinateurs pour chaque pays."
[repéré par Roland]
Mon commentaire: c'est peut-être enfin le produit génial qu'on attendait! Le seul doute que j'émets vient de la personnalité de Nicholas Negroponte qui mélange allégrément ses intérêts personnels, représentés dans de nombreuses entreprises high-tech, et ses idées généreuses. Mais le résultat ets là! Et le produit n'intéresse pas que les pays émergents mais de nombreuses entreprises et organisations du monde entier!
Reconnais-toi
Cette adorable personne c'est toi
Sous le grand chapeau canotier
Oeil
Nez
La bouche
Voici l'ovale de ta figure
Ton cou exquis
Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré
vu comme à travers un nuage
Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat
Guillaume Apollinaire - extrait du poème du 9 février 1915 - Calligramme, Poèmes à Lou.
[rajouté dans ma page "Poèmes et textes préférés"]
jeudi 17 novembre 2005
Somment mondial de l'information: la mascarade de Tunis
Mais je ne peux pas, en tant que journaliste, ne pas réagir à la mascarade de Tunis: d'abord un journalite de Libération agressé, et maintenant le secrétaire général de Reporters sans Frontières refoulé à sa descente d'avion... Le tout sur fond de transgressions permanentes de la liberté. Où va t-on?
Je comprends que les relations internationales sont un métier très particulier dans lequel il faut essayer d'éviter de diaboliser l'autre, pour lui offrir toujours une porte de sortie, en espérant que les choses changeront, plutôt que d'ériger des murs, des ghettos.
Mais de là à admettre qu'on puisse débattre d'un soi-disant "Sommet mondial de l'information" dans ces conditions et dans ce pays-là, il y a un pas que je ne franchis pas.
Si vous ne savez pas comment vous déterminer sur ce sujet, réfléchissez à cette citation dont je ne peux retrouver l'auteur (et qui s'applique aussi plus généralement à la liberté):
"L'information est un bien qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas".
Source image
Un écran sur la main
Travaux en cours chez Robert Freitas, chercheur de l'Institute for Molecular Manufacturing (Palo Alto) et chez la "NanoGirl" Gina Miller.
Et c'est à lire dans le 01 Informatique à paraître demain (sous la plume de Emmanuelle Delsol) et à écouter sur BFM ce soir, à partir de 23 heures. Quel intenable suspens!...
Je ne me suis jamais fait autant de pub, c'est embêtant, je dis dans ma charte que je n'ai rien à vendre!... (allez-y, tapez-moi dessus...)
Mais, je dois l'avouer, je suis totalement fasciné par les nanotechnologies, donc je ne résiste pas à cette pulsion.
Promenez-vous dans la Nanomedicine Art Gallery: vous comprendrez.
mercredi 16 novembre 2005
Convergence : 8 en 1, le nec plus ultra
Un peu de pub, une fois n'est pas coutume et contrairement à l'esprit de ma charte!
Il paraît, me dit Roland qui l'a dénichée sur le site de Clust, que ce n'est pas une blague!
mardi 15 novembre 2005
Voeux d'artistes
Voeux d'artistes
du 24 novembre au 3 décembre
ouvert tous les jours de 12h à 21h
Mairie du VIIIème arrondissement
3 rue de Lisbonne
75008 Paris
Exposition-vente organisée au profit des enfants malades du service d'hématologie et d'oncologie de l'Hôpital Armand Trousseau de Paris - Professeur Guy Leverger. Renseignements.
Image: un tableau de Dominique Hieaux.
lundi 14 novembre 2005
Composition chimique de la Terre
Oxygène: 47%
Silicium: 28%
Aluminium: 8%
Fer: 5%
Calcium: 3,25%
Sodium: 2,4%
Potassium: 2,35%
Magnésium: 2,35%
Hydrogène: 1%
Titane: 0,61%
Azote: 0,35%
Volume de la Terre: 1 083 320 x 106 km3
Masse de la Terre: 5,98 x 1027 g
vendredi 11 novembre 2005
Bach, c'est la vie
C'était la réflexion philosophique du jour.
jeudi 10 novembre 2005
Comparution immédiate
- Oh bien sûr que oui, M'sieur le juge.
- Lequel ?
- Ben c'est un Nokia, M'sieur.
[Lu dans le Monde 9/11 par Roland]
mercredi 9 novembre 2005
Culture techno: la différence France-Amérique
L'article explique très clairement tous les intérêts du langage PHP comme outil de développement d'applications pour le web, en comparaison avec le langage Java.
Puis il raconte les enjeux de la bataille entre les grands acteurs, IBM et Microsoft en tête. Bref, une bonne info techno et marché.
La question maintenant: quel journal a publié cette info?
On imagine assez volontiers un magazine spécialisé genre ComputerWorld, eWeek ou InformationWeek. Ou encore: InfoWorld?
On pourrait à l'extrème rigueur envisager un hebdo qui fait souvent des sujets high tech, comme Business Week, même si l'entrée dans le sujet paraît un peu ardue...
Vous n'y êtes pas: c'est dans un quotiden, tout simplement le Wall Street Journal!
Ce n'est pas demain la veille qu'on lira ce type de titre dans La Tribune ou Les Echos; une interrogation sur le mot "PHP" sur le site des Echos, sur l'ensemble de ses archives sur 5 ans, donne 8 résultats valables de petits sujets d'actualité ou le mot est évoqué au détour d'une phrase, mais aucun sujet de fond et aucun dans le titre (les autres résultats, très nombreux trouvent le mot "PHP"... dans l'adresse internet de tous les articles, évidemment...)
mardi 8 novembre 2005
Réinventer la presse écrite, c’est facile ! En réponse à Philip Meyer
« L’information, ça eut payé mais ça ne (se) paie plus » (anonyme)
Il faut se faire une raison : l’information est désormais un bien gratuit. Ce ne sont pas les éditeurs de presse qui l’ont décidé, ni les journalistes, on s’en doute, c’est le public. Du moins, une partie du public, celui des internautes. Mais c’est ce public-là qui impose sa loi au marché. Pensons à ce critique intello de théâtre qui disait : « Ah bon ? Le public a aimé la pièce ? Il est bien le seul ! »
Il est temps de tourner la page d’un modèle économique obsolète, celui où il fallait payer pour avoir une information de qualité. Ce modèle n’était d’ailleurs pas si glorieux ; certains esprits caustiques ne se privaient pas de comparer l’info au rayon « frais » d’un supermarché : ça se digère mal et ça se périme vite.
Faire table rase du passé est toujours plus facile quand la table est déjà débarrassée. Pour les éditeurs en place, dotés de structures historiques lourdes, et manquant souvent d’audace (dixit Philip Meyer), c’est nettement plus difficile…Mais ils ont une marque qui existe sur laquelle ils peuvent capitaliser.
La solution, c’est évidemment la révolution.
Les éditeurs doivent redéfinir leur rôle en oubliant comment ils sont organisés aujourd’hui et en se fixant un plan d’actions basées sur les réponses à une seule question : « Quels sont les dix services que je veux rendre à mon lecteur ? » (sous-entendu : services d’information sur lesquels je suis le mieux placé au niveau des compétences de mes équipes de rédaction)
Quel que soit le domaine couvert, généraliste ou spécialisé, on trouvera rapidement quelques points communs.
On pourrait dire, par exemple :
Moi, éditeur d’une information indépendante et de qualité, je veux pouvoir:
1/ donner à mon lecteur tous les jours les dix infos dont il a besoin, et décliner ensuite la périodicité de mes parutions en fonction d’infos spécifiques à cette périodicité et en fonction de mes catégories de lecteurs;
2/ lui donner la possibilité d’accéder à mes infos réactualisées, en tout lieu, à tout moment, sous toute forme que ce soit : stratégie de multimédia total non-stop;
3/ le guider partout où je peux lui être utile, parce qu’il a confiance en moi, et le plus loin possible, y compris vers des actes d’achat et de consommation, si je le décide ;
4/ connaître très précisément toutes mes catégories de lecteurs (selon le modèle de diffusion gratuite qualifiée de la presse américaine) ;
5/ ne jamais lui faire lire deux fois la même chose sur deux supports différents ;
6/ renforcer à la fois la spécificité et la complémentarité du web et du papier : au web, l’immédiateté, la base de données, l’interactivité, l’hyper-lien, le zapping ; au papier, la sensualité, l’originalité, la linéarité ; et offrir au lecteur/internaute des renvois de l’un à l’autre dans tous les sens ;
7/ discuter en permanence avec mes lecteurs, recueillir avis, opinions, critiques, suggestions ;
8/ organiser mes équipes de rédaction en fonction de domaines de compétences et non pas d’un type de media ; un journaliste (de presse écrite) n’est plus un auteur de contenu écrit, il est un auteur-producteur de contenu multimédia qui publie directement son contenu dans le media approprié, comme le fait aujourd’hui n’importe quel blogueur ;
9/ généraliser le style d’écriture web sur tous mes médias puisque c’est l’écriture la plus lue ;
10/ imprimer du papier à la demande, en quantité, en adresses de destinataires et en périodicité variables.
Ce ne sont que quelques exemples...
Quand on sait ce qu’il faut faire, c’est déjà plus facile !
Ensuite, il suffit d’admettre la réalité d’un des paradoxes les plus étonnants du web : il est à la fois l’outil de marketing client le plus élaboré qui ait jamais existé et, en même temps, l’outil le plus préhistorique de source de revenus, basés exclusivement sur la pub, la pub, la pub.
Par rapport aux nobles schémas de revenus multi-sources dont s’enorgueillissaient certains éditeurs (abonnements, ventes kiosque, petites annonces, etc.), c’est effectivement primaire.
Mais la pub sur le web n’a plus rien à voir avec la pub traditionnelle des médias de masse : elle est elle-même devenue un outil hyper-sophistiqué de communication ciblée, avec des tarifs évolutifs. De toute façon, l’argent n’a pas d’odeur, disait l’empereur Vespasien, inventeur des latrines publiques.
Notre nouvelle définition est donc la suivante :
« L’éditeur de presse écrite n’est plus un éditeur d’infos payantes sur papier à destination d’un public restreint qui lui assure une partie de ses revenus, l’autre partie étant assurée par un public restreint d’annonceurs : il est un fournisseur de services d’information multimédia à destination d’un large public d’abonnés gratuits et référencés auxquels s’intéresse un large public d’annonceurs. S’il décide d’aller jusqu’à un service d’aide à l’achat, il peut aussi toucher des revenus de ce service. »
Réinventer la presse écrite, comme le demande Philip Meyer, c’est facile : il suffit qu’elle reste ce qu’elle est sur le fond (créatrice d’une information indépendante et de qualité) et qu’elle oublie tout ce qu’elle a été sur la forme et dans son organisation. Alors, on y va ?
PS: lire aussi "The Future Of News"
lundi 7 novembre 2005
Un peu de paix dans ce monde de violences
Cela se passe chez Anne-Marie et sa fille Stéphanie à Chaville (Chat-Ville...) en banlieue.
PS: et comme on n'est jamais mieux cité que par soi-même, voici ce que j'écrivais en 2002, dans mon "Dictionnaire impertinent des branchés", à l'entrée "Quartier sensible":
"Banlieue remplie de parkings extérieurs quasiment vides où les seules voitures visibles sont déjà brûlées."...
Violences: pub UMP sur Google
Tapez "violences" dans Google et le lien commercial vous renvoie sur le site de l'UMP!
Je trouve ça un peu violent!
vendredi 4 novembre 2005
Katrina comme vous ne l'avez jamais vu
J'imagine que les victimes apprécieront peu l'effrayante beauté de ces images...
L'album photo ICI.
transmis par Roland.
Faux amis: the liste
Il vaut effectivement mieux relever du domaine juridique que judiciaire, écrire un libelle plutôt qu'un label, manger une langouste qu'une mangouste, flirter avec la lyre plutôt qu'avec la lire, jouer au magnat plutôt qu'au magma, éviter de faire un lob avec son oreille ou encore de se regarder le lombric...
Par contre, on peut hésiter à choisir entre magnificence et mugnificene...
La liste complète.
Vive le Goncourt... 2004!
A ceux qui, comme moi, aiment bien les vrais romans (une histoire, des personnages, un style) plutôt que les digressions indigestes.
A ceux qui, comme moi, cherchent encore l'étonnement dans les livres.
Je conseille de (re)lire le Goncourt ... 2004:
Le Soleil des Scorta,
de Laurent Gaudé.
En plus c'est moins cher!
Vous y trouverez tout ce que vous pouvez désirer, puissance et chaleur en plus. Des héros hauts en couleur, une écriture fluide et tenante. C'est fort, prenant, c'est vrai et c'est étonnant.
Que demande le peuple?
Et, comme moi, après avoir lu cet ouvrage, vous vous intéresserez à l'auteur et vous lirez un autre de ses livres, prix Goncourt des lycéens 2002 et Prix des libraires 2003 cette fois:
La mort du Roi Tsongor
Et là, ce n'est pas étonné que vous serez, mais estomaqué, percuté, chahuté. C'est Homère revisité, une épopée vous dis-je. Quel plaisir! Vive Laurent Gaudé!
jeudi 3 novembre 2005
Poèmes aztèques
Comme celui-ci:
"Il vient, il vient, le papillon.
Il vient, volant ailes éployées.
Il vient sur les fleurs, il butine.
Qu'il soit heureux! Son coeur s'ouvre!
Il est une fleur."
(Anonyme)
Il vient, il vient le papillon.. Poèmes aztèques choisis, traduits et présentés par Jean Rose, Editions Paupières de Terre.
(j'écris cette note en mémoire de ma tante Mireille Simoni Abbat, grande spécialiste des Aztèques au Musée de l'homme...)
mercredi 2 novembre 2005
Vrac d'insolites
Insolite 2
fichier powerpoint pps, 2 Mo)
tranmis par Roland
Se faire éditer chez Lulu?
Bref, je suis tombé sur le site de Lulu qui vous édite en un clin d'oeil tout ce que vous voulez (livres, CD? DVD, etc.), pour une somme modique (quelques dollars). Tout le reste est gratuit, tout se fait en ligne, vous transmettez votre contenu, choisissez votre format de page, votre couverture, votre prix de vente (Lulu prend 20% des revenus...).
Et hop, quelques minutes après, c'est au catalogue. Celui-ci contient déjà quelques oeuvres écrites en français...
Apparemment, c'est pas nouveau, ça existe depuis un moment et le bidule aurait été créé par Bob Young, un des fondateurs de Red Hat (open source). C'est ce que j'ai lu chez Google.
Le secteur du "self-publishing" semble être florissant.
Qui est vraiment sérieux dans ce business?
Comment se vendent les livres de Lulu?
Ci-dessous le dialogue on-line que je viens d'avoir avec l'un de ses représentants:
Welcome to Lulu.com! ! An online representative will be with you shortly. You are number 1 in the queue out of 1. Your wait time will be approximately 0 minute(s) and 9 seconds. Thank you for waiting.
You are now chatting with 'Gene (Lulu Staff Tier 1)'
Gene (Lulu Staff Tier 1): Hi
lf@neuf.fr: Hi
lf@neuf.fr: As an auhor, what do I pay exactly?
Gene (Lulu Staff Tier 1): The basic cost of the book - no royalties are charged to authors on their own books.
lf@neuf.fr: How many books in French is there in your catalog?
Gene (Lulu Staff Tier 1): Oh, I have no idea. There are many international authors using Lulu.
Gene (Lulu Staff Tier 1): I've formatted two books and one cover for a woman in new Zealand. My partner in Live Help here is in Spain.
lf@neuf.fr: How can you be sure that my work is really MY work and not a copy of anybody else work?
Gene (Lulu Staff Tier 1): We can't, except for your agreement to our Member Agreement. If someone reports plagarism, your book will be taken down while the accusation is investigated, and we cooperate with the injured party.
lf@neuf.fr: What are - about -the best sellers: how many copies?
Gene (Lulu Staff Tier 1): That kind of information is known only to the authors - it isn't made public.
lf@neuf.fr: Bob, the "fearless leader": is he Bob Young, the founder of Red Hat?
Gene (Lulu Staff Tier 1): One and the same.
lf@neuf.fr: OK, thank's. May I republish our dialog in my blog?
Gene (Lulu Staff Tier 1): Only if you fix all my typos - where is the blog?
lf@neuf.fr: in french: www.infotechart.com. What does it mean "only if you fix all my typos"? I'm sorry not to be really fluent in english!:)
Gene (Lulu Staff Tier 1): I was joking. I didn't want to have errors in my typing. Yes, feel free to post this.
lf@neuf.fr: OK . thank's; you will read it in a few minutes. Bye!
Gene (Lulu Staff Tier 1): bye
Ibn Sîna, al-Khwârizmî, al-Bîrûnî...
On a beau être extrèmement cultivé comme le sont tous les lecteurs d'InfoTechArt, on est peut-être passé à côté de leur contribution essentielle aux sciences.
Alors, hop, un petit livre pour se remettre tout çà en mémoire, encore une fois dans cette collection des Editions Le Pommier (je vous jure que je n'y ai aucune action) que j'adore:
L'âge d'or des sciences arabes, de Ahmed Djebbar.
Ils ont commencé par traduire les savants grecs, puis ils ont créé des usines de fabrication de papier puis multiplié des bibliothèques...
L'âge d'or s'étend du VIIIè au XIVè siècles: ça fait long!...