mardi 30 août 2005

Note de service

(un texte qui circule en ce moment dans les boîtes à lettres...)
- NOTE DE SERVICE -

De : Cécile MARTIN - Direction des Ressources Humaines
A : Tous les salariés
Date : 01 / 12
Sujet : Fête de Noël
Chers Tous,

Je suis heureuse de vous informer que la Fête de Noël de la Compagnie aura lieu le 23 Décembre, à partir de midi, dans les salons privés de notre Grill House....

...Il y aura un bar payant avec tout un choix de boissons !
Nous aurons aussi un petit groupe musical amateur qui chantera des cantiques, alors n'hésitez pas à chanter avec lui.
Et ne soyez pas surpris de voir arriver notre PDG déguisé en Père Noël !!
Le sapin sera illuminé à partir de 13H00.
Les échanges de cadeaux entre les membres du personnel pourront se faire à partir de ce moment-là.
Cependant, pour ne gêner personne financièrement, aucun présent ne devra dépasser une valeur de 10 Euros.

Joyeux Noël à vous tous et à vos familles.

Cordialement,

Cécile

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- NOTE DE SERVICE -

De : Cécile MARTIN - Direction des Ressources Humaines
A : Tous les salariés
Date : 02 / 12
Sujet : Fête de Fin d'Année

Chers Tous,

La note d'hier n'avait bien sûr pas pour but d'exclure nos employés de confession juive. Nous savons que Hanoukka est une fête importante qui coïncide souvent avec Noël, même si cela n'est pas le cas cette année.
La même optique s'applique à tous ceux de nos employés qui ne sont ni chrétiens ni juifs. Pour calmer les esprits et ne vexer personne, toutes nos Fêtes de Noël s'appelleront désormais Fêtes de Fin d'Année.
Nous n'aurons par conséquent ni sapin ni cantiques, mais d'autres musiques pour votre plus grand plaisir.

Tous contents, maintenant ?

Cordialement,

Cécile

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- NOTE DE SERVICE -

De : Cécile MARTIN - Direction des Ressources Humaines
A : Tous les salariés
Date : 03 / 12
Sujet : Fête de Fin d'Année

Je m'adresse à la personne membre des Alcooliques Anonymes qui souhaitait qu'il y ait une table pour les non-buveurs et qui n'a pas donné son nom.



Je suis heureuse de pouvoir répondre favorablement à sa demande, mais si je mets sur la table une pancarte " Réservé aux Alcooliques Anonymes ", vous n'aurez plus du tout d'anonymat !!
Comment puis-je résoudre le problème ? Une idée, quelqu'un ?
De plus, sachez qu'on laisse tomber les échanges de cadeaux : aucune remise de présents ne sera autorisée, suite aux préavis de grève déposé par la CGT et FO qui estiment que 10 Euros pour un cadeau c'est trop cher, et suite à la pétition signée par tous les cadres qui estiment que 10 Euros pour un cadeau c'est minable et mesquin.

On va y arriver!

Cécile.

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- NOTE DE SERVICE -

De : Cécile MARTIN - Direction des Ressources Humaines
A : Tous les salariés
Date : 04 / 12
Sujet : Fin d'Année

Quelle diversité de cultures dans notre Compagnie !!
Je ne savais pas qu'exceptionnellement cette année le Saint Mois du Ramadan commençait le 20 Décembre, avec son interdiction formelle de consommer toute boisson ou nourriture de toute la journée. Nous pouvons bien sûr comprendre qu'une réception festive à cette époque de l'année ne cadre pas avec les croyances et les pratiques de nos amis salariés musulmans.
Devant la Fatwah prononcée à son encontre par l'Imam de notre ville à leur demande, notre PDG propose que les repas destinés à nos salariés musulmans soient congelés jusqu'à la fin du Ramadan ou gardés au chaud pour qu'ils puissent les emporter chez eux le soir.
Notre PDG certifie en outre qu'ils ne contiendront pas de porc, même si l'entreprise dirigée par son frère s'appelle " Tout est bon dans le cochon ".
Par ailleurs, je me suis arrangée pour que les femmes enceintes aient une table au plus proche des WC et les abonnés aux Weight Watchers le plus loin du buffet des desserts.
Je confirme aussi que les gays et les lesbiennes pourront se regrouper et que chaque groupe aura sa table pour ne pas avoir à se mélanger.
En revanche, non, aucun travestissement en  Drag Queen ne sera toléré, avec ou sans play back de Dalida.
Oui, les  diabétiques auront des sièges surélevés et des fruits frais en dessert, sachant que le restaurant ne pourra confectionner de dessert sans sucre.

Ai-je encore oublié quelque chose ?

Cécile

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- NOTE DE SERVICE -

De : Cécile MARTIN - Martyr des Ressources Humaines
A : A vous tous, salariés de MERDE !!!!!
Date : 10 / 12
Sujet : SALOPERIE de Fin d'Année

Les végétariens, maintenant !! Il ne manquait plus que ça !!!!
J'en ai plus que marre, nous maintenons cette réception au Grill House, que cela vous plaise ou non. Vous n'aurez qu'à vous asseoir le plus loin possible du grill à viande pour brouter vos salades à la con et téter vos putains de tomates Bio.
Vous avez pensé à la douleur des salades et des tomates quand on les coupe ? hein ?? Elles ont des sentiments et sont vivantes, elles aussi.
Elles sont comme moi, elles HUUURLENT !!
Maintenant le premier qui me demande du pinard sans alcool je le transforme en pompe à merde et je vous souhaite une fête archipourrie, bande d'abrutis congénitaux !!!!

Allez vous faire foutre,

Cécile

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- NOTE DE SERVICE -

De : Danièle LECOURBE - Directrice intérimaire des Ressources Humaines
A : A tous les emplyés
Date : 14 / 12
Sujet : Cécile MARTIN et les Fêtes de Fin d'Année

Je pense pouvoir parler au nom de tout le monde pour souhaiter un prompt rétablissement à Cécile MARTIN, à qui je continuerai de transmettre vos cartes.
En attendant son retour, je la remplace et vous annonce que notre PDG a décidé d'annuler notre Fête de Fin d'Année et d'offrir à tous la journée du 23 Décembre sans perte de salaire.

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Franchir la frontière...

frontierecanon.jpg

...entre les Etats-Unis et le Mexique

C'est sûr qu'on aura du mal à l'arrêter!
(transmis par Roland avec le titre: "Déplacement de populations")

vendredi 26 août 2005

Trois bons mots "culturels"

(pour briller dans les soirées)
- Chamfort rend visite à Fontenelle, bien vieux et bien malade: "Alors, monsieur, comment ça va?" lui demande-t-il. Et Fontenelle : "Ca ne va pas, monsieur; ça s'en va..."
- Littré rentre chez lui et trouve sa femme au lit avec un amant: "Je suis étonnée..." commence-t-elle. "Non, madame, répond-il. Vous êtes surprise. C'est moi qui suis étonné."
- La seule histoire drôle dans tout Proust: Mme de La Rochefoucauld était plutôt grosse, voire obèse. Invité chez le duc, le narrateur lui présente ses respects et lui dit: "Mais je ne vois pas madame la duchesse?..." "Comme vous êtes aimable! " lui répond le duc.


Un beau choeur de cheval

chevauxchantants.jpg















Beau choral! (cliquez et recliquez sur chaque cheval)


(transmis par Roland avec cette belle légende:
"Henni soit qui mal y pense"...)

Comment ruiner une soirée romantique

commentruinerunesoireeromantique.jpg style=
(merci Roland)

jeudi 25 août 2005

Noyé dans ses larmes

Elle l'avait quitté. Submergé par son chagrin d'amour, il décida d'en finir. Allongé tout nu dans la baignoire, il pleura longtemps et mécaniquement. Les larmes jaillissaient en cascade; elles glissaient sur ses joues rouges comme des fourmis translucides. Il tenait la tête légèrement penchée pour que ça tombe plus vite au fond. Il y eut une flaque, qui devint grosse. L'eau monta. Elle couvrit ses orteils, s'insinua entre ses cuisses, dépassa ses genoux. Il pleurait encore, versant des litres. L'eau montait toujours. Lorsqu'il fut entièrement recouvert, il s'apprêta à plonger…
Hélas, après avoir vidé son corps de toutes ses larmes, il ne pesait plus rien : il flotta désespérément sur l'eau, comme un corps mort de bateau. Vingt fois, il essaya de rester au fond, vingt fois, il remonta sans avoir eu le temps d'avaler la moindre gorgée. Au bout d'un moment, le jeu l'amusa et il se mit à rire, à rire, à rire. Il ne mourut pas ce jour-là.


samedi 20 août 2005

Ma bibliographie sur les mots

Vous aimez les mots? Moi aussi... Voici une petite sélection de mes livres préférés...

TurlupinadesTurlupinades & tricoteries : Dictionnaire des mots obsolètes de la langue française. C'est le plus beau des dico, celui qui ne vous servira à rien. Car, hélas, où lira-t-on encore : " Il m'a bien fait chevaler" (faire des allées-venues, des démarches)? Qui dira "Cessez de m'emberlucoquer!" (entortiller, séduire par la ruse) ?  Seuls peut-être ceux qui veulent rester des "écriveurs" et des "écriveuses" (qui aime écrire)...Il faut "s'aheurter" à ces mots (s'attacher opiniâtrement) sans craindre que l'on vous "ahonte" (faire honte). "Croquignole, pasquinade, mirliflore, paltoquet, songe-malice, zinzolin"... A vous des les retrouver ou de les découvrir...

CassetinChier dans le cassetin aux apostrophes :...et autres trésors des enfants du langage de Gutemberg . Pour ceux qui se souviennent de l'odeur du plomb et de l'encre dans les imprimeries. Voici l'argot des métiers du livre. Nombre de ces mots sont passés dans le langage courant : marbre, bouclage, enfant de la balle, ours, fantôme, coquille, nègre, bouquin...Les autres ont disparu...

ClaudegagnierepourtoutlordesmotsPour tout l'or des mots de Claude Gagnière. LE livre de chevet, par excellence. Par un auteur plein d'humour et d'humanisme qui se définit comme un "collectionneur de sourires"! Truffé d'anecdotes, de citations, c'est beaucoup plus qu'un dico, c'est une encyclopédie pétaradante des bons mots et des réparties de la langue et de l'histoire française. Je vous suggère en apéritif l'entrée "Métaphores",  pour ceux qui croient encore que c'est une figure simple... De la "soucoupe inférieure" (chaise percée) de Molière  aux "Etoiles: tout ce feu d'artifice qui reste en l'air" de Jules Renard, en passant par le "péché qui tête" (enfant naturel) de Saint-Pol Roux...

ClaudedunetonpuceoreilleLa Puce à l'oreille : Les expressions imagées et leur histoire. C'est évidemment L'AUTRE livre de chevet, de l'autre Claude, Duneton. Délectable, savoureux, à feuilleter tranquillement ; chaque fois qu'on se pose une question, on a la réponse ici.  Ainsi: "pendant des siècles, "avoir la puce à l'oreille" voulait dire avoir des démangeaisons amoureuses "! Et quand vous dites: "tomber dans les pommes", Claude Duneton se pose la seule question qui vaille: "Mais de quelles pommes s'agit-il?"  Car, ce qui fait aussi le poids de ce livre, c'est l'énorme travail de vérification et de validation réalisé par l'auteur. Duneton, c'est du béton!

JeanclaudebologneallusiosnlitterairesLes allusions littéraires. Dictionnaire commenté des expressions d'origine littéraire de Jean-Claude Bologne. La citation se retrouve vite, surtout avec internet; l'allusion, elle, est plus subtile et plus perfide. On n'y retrouverait pas ses petits. Alors JC Bologne s'est attelé à la tâche et nous a livré ce formidable travail. Pas évident ainsi de retrouver la signification exacte de "l'abîme de Pascal" ou la suite de "Aimez-vous la muscade?"... JC Bologne est également l'auteur du  Dictionnaire commenté des expressions d'orgine biblique...

Mise à jour: J'ai oublié les mots gourmands!

ColetteguillemardmotsoriginegourmandeLes mots d'origine gourmande De Colette Guillemard, Editions Belin. Quelle horreur, cet oubli! Quoi de plus savoureux en effet que les mots de la cuisine et de la bouche?
"Crier aux petits pâtés: se disait des femmes en couches, qui poussaient des cris aigus, à la manière des marchands ambulants qui vendaient des petits pâtés dans les rues...". Le blé, c'est de l'argent, tout le monde le sait, mais la blanquette? De l'argenterie! Et, dans cette quête aux bons mots, je vais bientôt vous passer le chanteau (vous demander de prendre la suite, d'agir à votre tour). Dans cette collection de Belin, "Le français retrouvé", on a tous les vocabulaires qu'on veut: racines grecques, mots des régions, bible, cinéma, etc.
J'ai oublié aussi bien sûr le Mots et formules célèbres du Robert, mais tout le monde le connaît!



Voleur de curseur

cursorthief.pngTransmis par Roland avec ce commentaire:
"Le jeu le plus fantastiquement gratuit de tout le web"
 Cursor Thief Live .
Moi j'en suis resté à 2 772 357.
(On va voir si c'est « viral »)."


mercredi 17 août 2005

Le Maupassant Chinois

Ce n'est pas un scoop car elle fait partie des auteurs chinois contemporains connus.
Mais en lisant avec délectation Soleil Levant , de Chi Li, Editions Actes Sud, je m'interrogeais : à quel auteur me faisait-elle penser?
Et j'ai trouvé: Maupassant.
Ces scènes de la vie ordinaire à Wuhan (la famille, le couple, le mariage, l'enfant,...) sont croquées avec précision, cruauté, humour (plus d'humour d'ailleurs que chez Maupassant). 


Les premiers temps post-maoïstes ne furent pas faciles: permis de naissance, certificat d'enfant unique, permis de résidence...Et les gens se débattent devant vous sous la plume chirurgicale de Chi Li (elle a fait des études de médecine avant de se lancer dans l'écriture!).
C'est presque du reportage et c'est un petit bijou à l'état pur.

mardi 16 août 2005

Sandwich, sa véritable histoire

(une biographie attribuée par Roland Moreno à Woody Allen, c'est dire si elle est fiable)
sandwich.jpg1718: Naissance du comte de Sandwich, de parents aristocrates.
1725 - 1735: Il va à l'école... il entre en contact pour la première fois avec de la viande froide et manifeste un intérêt pour des tranches fines de rosbif et de jambon.


1736: Il entre à l'université de Cambridge, sur ordre de ses parents, pour y poursuivre des études de rhétorique et de métaphysique, mais montre peu d'enthousiasme pour ces matières. En révolte constante contre tout académisme, il est accusé de voler des morceaux de pain et de se livrer sur eux à des expériences contre nature. Convaincu d'hérésie, il est expulsé.
1738: Il rencontre Nell Smallbore, la fille d'un maraîcher, et il l'épouse. C'est elle qui lui enseignera tout ce qui concerne la laitue.
1741: Vivant à la campagne sur un petit héritage, il travaille jour et nuit, économisant souvent sur les repas pour acheter de la nourriture. Sa première oeuvre achevée - une tranche de pain, une tranche par-dessus, et une tranche de dinde couronnant le tout - échoue lamentablement.
1750: Au printemps, il expose et démontre trois tranches de jambon consécutives empilées l'une sur l'autre. Il est convoqué par Voltaire.
1758: L'approbation grandissante des cercles éclairés lui vaut une commande de la reine pour préparer quelque chose de spécial "à l'occasion d'un goûter avec l'ambassadeur d'Espagne". Il travaille jour et nuit, déchirant des centaines d'esquisses, mais finalement - à quatre heures dix sept du matin, le 27 avril 1758 - il crée un prototype consistant en plusieurs morceaux de jambon enfermés, au dessus et en dessous, dans deux tranches de pain de mie. Dans un éclair d'inspiration, il garnit le tout de moutarde.
1769: Vivant dans une propriété campagnarde, il reçoit la visite des plus grands esprits du siècle: Haydn, Kant, Rousseau et Benjamin Franklin séjournent chez lui, les uns appréciant ses remarquables créations à table, les autres en emportant pour la route.
1778: Bien que vieilli physiquement, il s'évertue à découvrir de nouvelles formules et écrit dans son journal: "je travaille longtemps dans les nuits glaciales, et maintenant je fais tout griller dans l'espoir de me réchauffer un peu." Cette même année, son sandwiche au rosbif chaud déclenche un véritable scandale par sa sincérité.
1792: Il est frappé d'un genou varum qu'il néglige de soigner à temps, et expire dans son sommeil. Il est inhumé à l'abbaye de Westminster, et des milliers de fidèles portent son deuil. A ses obsèques, le grand poète allemand Höderlin fait la somme de son oeuvre avec un respect non déguisé: "Il libéra l'humanité du déjeuner chaud. Nous lui devons beaucoup."

Vibrations

j'aime le soleil après la pluie
lorsque le silence dans l'air luit
que d’un trottoir las délavé fume
l’éclat vaporisé du bitume

la ville virginale frémit
les longs arbres sorciers se délient
triste une larme d'éternité
purifie les hommes statufiés

au loin j'entends le grand gong vibrant
jour nuit ciel la terre est frottement
la lumière est blanche la mort fuit
seul le soleil règne après la pluie

Lucien Toscane


lundi 15 août 2005

Pause lecture en Creuse

pauselectureencreuse.jpgLe soleil mit longtemps à se coucher ce jour-là...

Limousine et maçons creusois

Pour Jean Masdonnier éleveur de chevaux à Alleyrat et propriétaire de très belles chambres d'hôtes  :
-la fameuse appellation "maçons creusais " censés avoir bâti Paris (d'où l'expression: "quand le bâtiment va ,tout va")  est trop limitative  : selon lui, il vaut mieux parler de "maçons limousins"; car le privilège de bâtisseurs octroyée â la régionde la Marche limousine le fut du temps de Charlemagne. Et, à cette époque, la ''Creuse" n'existait pas en tant que telle . (aujourd'hui, la région Limousin= Haute- Vienne, Creuse, Corrèze)
-quel rapport entre la limousine, la vache, et la limousine, la voiture ?


Encore une histoire de privilège . Cette fois, il s'agit du privilège de cocher qui fut octroyé aux gens de la région . Ils devinrent naturellement les chauffeurs des premières automobiles avec le titre de "cocher - chauffeur ". Et l'automobile conduite par un chauffeur limousin fut appelée limousine.
Les premières corporations de chauffeurs de taxi s'appelaient des "cochers - chauffeurs " et nombreux étaient limousins .
On dit que dans ses premières années de politique, chaque fois qu 'il revenait de Corrèze par le train, Chirac ne manquait jamais d'aller saluer ses compères chauffeurs de taxi qui lui tapaient sur l'épaule comme à un "pays" et l'appellaient familièrement "Jacquot ".

mercredi 10 août 2005

Et Dieu, elle créa la femme

Un jour, dans le jardin d'Eden, Eve appelle Dieu :
 - Seigneur, j'ai un problème !
 - Quel est ton problème Ève ? répond Dieu.
 - Seigneur, je sais que Tu m'as créée et m'as donné ce magnifique jardin, tous ces merveilleux animaux (et ce serpent carrément marrant), mais voilà, je ne suis pas heureuse.
 - Qu'y a-t-il Eve ? fut la réponse du ciel.
 - Seigneur, je me sens seule, et j'en ai ras le bol des pommes, elles me rendent malade.
 - Bon, Eve, dans ces conditions, je vais te créer un homme.
 - Un homme, Seigneur ? C'est quoi ça ?
 - Eh bien c'est une créature légèrement défectueuse avec pas mal de bugs : il ment, il triche, il est vaniteux. En gros, il vas te donner un sacré boulot. Mais... Il est plus grand, il court plus vite, il aime chasser et tuer des tas de choses. Il aura l'air un peu con quand il sera satisfait, mais puisque tu t'es plainte, je vais le créer de telle façon qu'il comble tes besoins physiques. Je te préviens qu'il n'aura pas beaucoup d'esprit et appréciera plutôt des choses puériles comme se battre ou donner des coup de pieds dans une baballe. Bref il ne sera pas très intelligent, aussi il aura besoin de tes conseils pour penser correctement.
 - Ca m'a l'air pas mal, dit Eve, le sourcil un peu ironique. Où est le truc, Seigneur ?
 - Eh bien ... Tu peux l'avoir, mais à une seule condition.
 - Laquelle Seigneur ?
 - Comme je le disais, il sera fier, arrogant et narcissique. Aussi tu devras lui laisser croire que je l'ai créé en premier. Rappelle toi, ce sera notre petit secret, entre femmes !



(merci Roland)

jeudi 4 août 2005

Histoires d'en Creuse

Pourquoi, quand on parle de la Creuse, ne dit-on jamais que "au fin fond de ?"
C’est un pays ou volent les buzards. Buzard, vous avez dit buzard ?
C’est un pays où les charcutiers vendent des croissants et où les coiffeurs font aussi café-dépôt butagaz.
C’est le pays ou Prosper Mérimée a découvert la "Dame à la licorne" enroulée dans le grenier du château de Bussac.
C’est le pays ou Georges Sand promenait ses amants : de Mérimée, elle disait "J’ai eu Mérimée, c’est bien peu" ; de Chopin qu’elle emmenait en ballade avec un âne visiter les Pierres Jaumâtres, elle disait en les promenant tous deux : "J’ai deux ânes."
Si l'on en croit les noms de lieu, c'est un pays:
- où ça ne se passe pas toujours comme on veut: "La Merdoire"
- où on s'enrhume facilement: "Masmouchard", "La Goutte du Haut"
C’est un pays pleins de légendes et de rites...



La légende de Mousse-Gagnet
A La Souterraine, au lieu-dit la Croix des Quatre-Chemins, la légende veut qu’un souterrain secret s’ouvre tous les ans à Noël, pendant l’élévation de minuit, livrant l’accès à un fabuleux trésor.
Urbain Gagnet, misérable sonneur de cloches, y croyait dur comme fer. Le soir du 24 décembre 1556, il dit à ses fils Joachim et Jérôme :
- Je m’absente cette nuit et demain, quand je reviendrai, nous serons riches !
- Comment est-ce possible ? demandent les deux ouvriers maçons.
- Remplacez-moi à l’église, leur dit Urbain. Sonnez les cloches le plus longtemps que vous pourrez. Maintenant, donnez-moi ma besace et priez pour moi !
Avant minuit, Urbain Gagnet se rend d’un pas alerte à la Croix des Quatre-Chemins et attend. Bientôt un tintement lointain parvient à ses oreilles. Soudain, un spectre apparaît et frappe trois fois le rocher de son trident. Une flamme jaillit du sol et le rocher s’ouvre.
Urbain se précipite, dévale quelques marches et débarque dans la salle du trésor. Fébrile, il remplit son sac de tout l’or qu’il peut, encore et encore. Enfin, il remonte. Hélas, il glisse et retombe lourdement au milieu d’ossements humains. Il se relève comme il peut : trop tard ! Les cloches se sont tues, la dalle rabattue.
L’homme crie, s’agite puis s’écroule désespéré. Prisonnier de sa passion pour l’or, Urbain va mourir. Le sommeil le gagne, des myriades d’insectes le piquent, les chauves-souris s’accrochent à sa peau ridée.
Les jours passent, la mousse tapisse son corps et Urbain vit toujours. Arrive la nuit de Noêl 1557 : le spectre ouvre à nouveau le souterrain et déclare :
- Relève-toi, l’épreuve est finie. Tu peux repartir. Désormais,on t’appellera "Mousse-Gagnet" car tu es couvert de mousse. Sors et n’oublie pas ton or.
Fou de joie, Mousse-Gagnet court chez lui, rue du Coq et tambourine à la porte de sa maison :
- Ouvrez, mes enfants ! C’est votre père qui est de retour et riche comme il l’avait promis !
Etonnés par ce vieillard moussu, les deux maçons le laissent entrer.
- Mais regardez ! crie le malheureux, je vous rapporte un trésor ! Nous sommes riches !
Il vide son bissac sur la table.
Cependant, ce n’est pas de l’or qui en sort, mais des ossements. Effrayés, les deux ouvriers jettent le vieux dehors. Un peu plus tard, remis de leurs émotions, ils ramassent comme ils peuvent les ossements et vont les enterrer au cimetière. Et là, devant la grille, ils trouvent le vieux Mousse-Gagnet, étendu face contre terre, raide mort.
Ils le jettent bien vite dans la fosse commune avec les ossements et rentrent chez eux.
A l’entrée du cimetière, chacun peut voir gravé sur le pilier de gauche le visage de Mousse Gagnet. Les enfants effrayés n’osent s’attarder devant sa tombe, les jeunes filles se signent en passant devant Depuis ce jour, plus personne ne s’attarde en passant à la Croix des Quatre-Chemins.
(source : dos de la Carte IGN "Creuse randonnée")

La légende du Pont du Diable
Le Meunier se lamentait de ne pouvoir facilement passer d’une rive à l’autre de la Creuse, faute de pont.
Un jour, un élégant cavalier se présenta devant sa fille, qui était fort belle et lui dit :
"Je suis le Diable et me fait fort de construire ce pont en une nuit. Si je le termine avant le chant du coq, veux-tu m’épouser ? Si l’aube vient sans que j’ai fini, alors tu seras libre et moi, je terminerai mon ouvrage."
La Belle n’imaginant pas quiconque, fut-il le Diable, capable d’un tel exploit, accepta les conditions et demanda en gage un cadeau : elle reçut de son "fiancé" une magnifique bague brillant d’un vif éclat.
Dès la nuit tombée, le Diable se mit au travail et usant de tous ses artificices, il fit tant et si bien que, peu avant l’aube, il ne lui restait que trois pierres à placer.
La fille du Meunier, se voyant perdue, eut une idée. Elle se rendit au poulailler pour y projeter le reflet lumineux de sa bague : trompé par cette soudaine clarté, le coq lança un sonore "cocorico" au moment où le Diable s’apprétait à placer sa dernière pierre.
Fou de rage, il dut disparaître sans avoir le temps de l’aligner sur les autres formes (comme on peut encore le constater de nos jours).
Le Meunier fut très heureux d’avoir obtenu son pont mais sa fille le fut beaucoup moins : malgré ses charmes, elle ne put jamais trouver un mari car, pour tous, elle demeurait la "Fiancée du Diable".
(d’après Jean des Ajoncs, cité au dos de la Carte IGN "Creuse Randonnée")

Le Saint "Dô Nugié"
Il y avait à Chatelus une statue de saint qui faisait marier les célibataires. Fait dans le bois d’un noyer, on l’appelait : "saint dô nugié." Il n’était pas dans l’église même mais dans le grenier au-dessus de la sacristie.
Pour le voir, il fallait glisser une petite pièce au sacristain. Arrivé près du saint, il fallait réciter :
"Saint dô nugié,
Teu que tâ poussa dé mon vargier
Pré de la bache de ma vache,
A quan don qué meu mariderai ?"
Et si l’on priait dévotement, on était marié dans l’année.
Un célibataire, mécontent du sacristaint et du saint, tapa sur l’un et l’autre. Il fit des bleus au sacristain mais il cassa le saint.
(source "Rites, coutumes et croyances", Association Les Amis du Patrimoine de Toulx Sainte-Croix et de ses environs)

Mariages en Creuse

Une jeune fille devait épouser un garçon, selon les plans des deux familles. Mais les parties n’arrivaient pas à se mettre d’accord.
Les parents firent venir le devin, connu pour ses bons conseils. Il mangea, but, se fit payer. Avant de partir, il désigna l’âne de la maison : "S’il chante trois fois de suite, vous pourrez les marier."
L’âne chanta trois fois de suite et le mariage se fit. On dit que ce fut un aussi bon mariage que les autres.
"La veille du mariage, la mariée revêtait la chemise du marié : cela s’appelait "faire danser la chemise" ! Et la fête commençait : on buvait, on dansait !
Le lendemain du mariage, on plantait un chou dans un pot, qu’on montait sur le toit, sur la cheminée, avec une bouteille de vin. C’était pour assurer la prospérité de la maison.
Le matin, on mangeait la soupe à l’oignon, on portait aux mariés dans leur chambre, un mélange de chocolat et de vin blanc, délayés dans un pot de chambre.
Lorsque le dernier enfant de la famille se mariait, on brûlait le chapeau du grand-père et la culotte de la belle-mère !
Un jour à Malleret, on avait mis bout à bout deux grands morceaux de parquet, pour recevoir 400 invités.
Les mariages étaient de durs moments pour les musiciens :
"Le matin, les messieurs allaient chercher la mariée chez elle : on jouait la marche de la mariée, on traversait le bourg, les villages, toujours en musique ; on allait chercher les gâteau de la mariée, en s’arrêtant de bistrot en bistrot. Puis il y avait le repas et le bal, le lendemain casse-croûte et encore un bal. Pour les mariages riches, les réjouissances pouvaient durer trois jours."

"S’il y avait deux mariages le même jour, la première mariée emportait le bonheur de l’autre."

"Pour aller à la messe du mariage, une mariée ne devait pas emprunter un chemin qu’aucune autre mariée n’avait pris avant elle."

"Au repas qu’on lui offrait chez sa fiancée, on ne devait pas servir d’œufs au fiancé, ni de miel, sinon les futurs enfants auraient été bègues."

"On tirait autant de coups de fusils que l’âge de la mariée. J’avais 22 ans, on a tiré 22 coups de fusil. Il y avait un cheval attelé dans la cour : il a pris peur, s’est emballé et il a cassé toutes les barrières."

Décés et Enterrements en Creuse
"Lors d’un décès chez nous, la métayère vint à pied de son village et dit à ma grand-mère : "Evidemment, madame, j’ai fait prendre le deuil aux bêtes." Cela signifait qu’elle avait placé un crêt noir sur la porte des étables.
J’avais 12 ans quand ma grand-mère est morte : j’ai porté le dueil pendant un anhpeau de crêpe, je sortais coiffée d’un chapeau de crêpe. Pour les cousins germains, on portait le dueil pendant six mois, et trois mois pour les cousins. Les hommes portaient aussi le deuil en se laissant pousser la barbe. Le glas était sonné trois fois pour une femme. On mettait une bougie allumée près du corps. Le jour de l’enterrement, on chargeait le cercueil sur une voiture à ânes, on plaçait la bougie allumée dans une des petites lanternes noires fixées à l’avant dans un anneau. Cette bougie devait brûler jusqu’à l’enterrement. Dans la maison, les portes et les volets étaient clos, on arrêtait l’horloge, le miroir était retourné contre le mur le seau d’eau vidé dans la cour. Si le mort avait des ruches, on leur mettait un crêpe noir : si on ne fait pas porter le deuil aux abeilles, elles meurent."