mardi 29 novembre 2005

Bloguer ou restaurer des volets?

Je m'appelle Luc Fayard et le fayard, c'est le hêtre. Mon aïeul préféré, surnommé "Beaujolais la belle humeur" était charpentier, Compagnon du Devoir. Normal donc que j'aime travailler le bois.
Ce week-end, plongé dans la restauration laborieuse de persiennes anciennes en chêne -dites-le vite- (28 lattes chacune, et ce n'est pas une contrepéterie), je me suis soudain posé la question: qu'est-ce que j'aime le plus, faire vivre ce site-blog ou restaurer ces persiennes?
Et, boum, plaf, la réponse m'est apparue dans toute sa clarté limpide et fulgurante: je m'amuse beaucoup plus sur ces volets que sur ces pages...
Parce que:
- je peux rester des heures à peaufiner mon ouvrage,
- je construis quelque chose de beau, de durable et d'utile,
- ça sent bon,
- chaque geste fait progresser l'ensemble,
- je fais des pauses sans me presser,
- je laisse à tout moment le travail en plan, inachevé,
- personne n'ose me déranger tellement j'ai l'air absorbé,
- quand j'ai fini, tout le monde fait semblant d'admirer mon travail sans oser le critiquer tellement mon regard est perçant,
- et je me fous totalement du nombre de gens qui pourront l'admirer...
Point à point, rien de tout çà dans ce que je fais avec InfoTechArt...
Vous me direz: pourquoi me suis-je posé cette question, qui ressemble à celles du site indécidables ("les légumes sont-ils plus précieux que le courage?")?
Sans doute parce qu'il s'agit de plus en plus, en vieillissant, de gérer son temps par pirorités, ce temps qui fuit et qui ne se mesure plus que par comparaison plaisir/utilité/reconnaissance dans l'emploi qu'on en fait.
C'est une drogue, le blog ou tout ce qui y ressemble et les drogués ne sont pas des gens heureux. En fait, ça ne sert strictement à rien qu'à s'empêcher le plus possible de réfléchir. Il n'y a pas de bonheur dans cette affaire, tout juste un passe-temps prenant, obsédant, conflictuel, monomaniaque. On n'y apprend que des choses sans importance. Le blog, ça ne fait pas repousser les cheveux. Vous me direz, la menuiserie non plus!...


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